Extrait du tome 2 - Nous rêvons de révolution

Bonjour,

Comme promis un extrait du tome 2 qui sort très bientôt.

– Line Lou ! Tu as oublié ta veste dans l’amphi !

Line Lou ne put s'empêcher de regarder tout autour d'elle et constater que plusieurs étudiants s'étaient retournés dans sa direction en entendant son prénom. Tout le monde connaissait l’histoire de cette Line Lou Capella qui avait été enlevée quelques mois plus tôt par le gang Y. Sa photo avait circulé dans les journaux, à la télévision. Elle était devenue célèbre contre son gré. A présent, nombreux étaient ceux qui l’observaient, qui voulaient savoir qui elle était. Et cette curiosité malsaine agaçait fortement la jeune fille.

– Merci beaucoup, répondit celle-ci en récupérant sa veste. À demain Léa !

Elle partit seule dans les rues de Marseille, prenant le chemin le plus court pour rentrer chez elle.

Line Lou ouvrit la porte d'entrée et entra. Elle posa sa veste dans la penderie.

– Bonjour maman, dit-elle en passant devant la cuisine.

– Bonjour ma chérie, lui répondit sa mère. Ta journée s'est bien passée ?

– Oui, pas trop mal.

Elle monta ensuite dans sa chambre et se jeta sur son lit. Elle regarda le plafond blanc et uniforme, puis murmura pour elle-même :

– Je m'ennuie, je m'ennuie, je m'ennuie...

A la rentrée scolaire, Line Lou avait intégré une université à Marseille. Pour ses parents, il avait été hors de question de réitérer l'expérience désastreuse de l'année précédente. Line Lou n'avait pas cherché à les convaincre du contraire. Elle aussi avait voulu se rapprocher de sa famille. A présent, bien qu'elle fût heureuse de pouvoir vivre avec eux, tout l'ennuyait dans son quotidien : ses camarades de promotion, ses cours, ses devoirs, ses trajets à pied et parfois même ses soirées avec ses parents.

Milla, sa sœur, avait pris l'exemple de ses frères et était partie s'installer dans le centre-ville avec son Roméo. Son travail l’occupait beaucoup. Les deux sœurs ne se voyaient donc pas autant qu’elles le désiraient.

Ses parents sentaient bien que Line Lou n'était pas pleinement épanouie mais ils mettaient cela sur le compte de son enlèvement qui était encore très récent. A son retour, les questions étaient tombées par centaines : « L’avait-on violentée ? Violée ? Maltraitée ? Torturée ? Affamée ? ». Elle avait fait de son mieux pour rassurer ses proches. Et tout le monde avait cru à sa version des faits : sa famille comme la police.

« … J'étais là au mauvais endroit, au mauvais moment. J'ai su qui il était. Il ne pouvait pas me laisser fuir… ».

« … Je n’ai subi aucune maltraitance d’aucune sorte. Les membres du gang Y sont restés corrects avec moi tout au long de ma détention… ».

« … Non, Yohann Bellini n'est jamais tombé amoureux de moi. Il prenait plaisir à me le faire croire… ».

« … Jamais je n'aurais pu tomber amoureuse d'un homme aussi présomptueux, arrogant et macho que ce Bellini… ».

« … Concernant le manuscrit, je l'avais effectivement écrit sur sa demande. C'était un beau salaud, mais il savait reconnaître les gens qui avaient besoin d'aide… ».

Voilà à peu près dans les grandes lignes ce qu’elle avait raconté à tous ceux qui avaient eu la curiosité de demander. Elle avait dû se répéter des centaines et des centaines de fois. Megguy avait été la plus difficile à convaincre. Line Lou n'était même pas sûre d'avoir réussi. Elle n'aimait pas mentir. Donc, même si elle avait été déchirée à l’idée de ne plus cohabiter avec son amie, cela lui avait évité de chercher continuellement à jouer la comédie.

Line Lou avait fait la bêtise de tomber amoureuse de Yohann Bellini et à présent, il n'y avait plus une journée sans qu'elle ne pense à lui.

Cela faisait deux mois qu'elle ne l'avait pas vu, aucune nouvelle. Elle savait qu'il travaillait activement à réorganiser son gang, qui s'agrandissait de jour en jour. Diriger des groupes de résistance disséminés dans toute la France ne devait pas être une mince affaire.

Lorsqu'elle l'avait revu en Corse, elle avait cru que tout allait recommencer, qu'elle allait réintégrer le groupe, comme avant. Mais non. Bien qu'elle fût partante pour faire sa révolution, il avait pris la décision de ne revenir la chercher qu'une fois tout cela fini.

– Mais je ne veux pas te quitter ! Je veux rester avec toi, avec vous tous !

– Line Lou, moi aussi j'aurais aimé te garder à mes côtés. Mais cela risque d'être dangereux. Tous ceux qui sont dans le gang l'ont choisi par conviction, pas parce qu'ils ont été forcés. Je ne veux pas que tu risques ta vie, simplement pour être à mes côtés. Et puis je sais que tu seras bien entourée avec ta famille. Ne t'inquiète pas, Line Lou, tout cela finira vite et bientôt nous serons de nouveau réunis. De temps à autres, je viendrais te voir. Cela sera probablement un peu compliqué, donc ce ne sera pas autant que je le désirerais. Mais sache que je ne t'oublie pas ».