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Nous rêvons de révolution

Pour tout savoir sur le roman "Nous rêvons de révolution": roman jeunes adultes, histoire d'amour. Disponible sur Amazon. Résumé, extraits...

Premier chapitre (extrait)

Elle était épuisée, tant le trajet avait été long. De Londres à Orléans, en passant par Paris, aucun mode de transport ne lui fut épargné : avion, train et pour finir bus, dont les amortisseurs étaient prêts à rendre l’âme. Ce fut seulement en fin de journée qu’elle arriva à destination : une charmante bourgade située à une cinquantaine de kilomètres d’Orléans. Elle était à présent dans la rue principale du village, rue très animée et conviviale. Le lieu sentait bon le bonheur ! D’un coup, l’espoir regonfla dans sa poitrine. « Peut-être que je serai enfin heureuse », se dit-elle. Tout d’abord, il lui fallait dénicher un petit hôtel pour passer quelques nuits, tout au plus. Elle fit le tour du village car, bien qu’elle était fatiguée, elle ne voulait pas s’installer dans l’hôtel le plus pitoyable du coin. D’ailleurs, le village n’était pas très grand et puis, après de nombreuses heures de voyage, se dégourdir les jambes n’était pas désagréable.

Au bout d’un quart d’heure, Line Lou trouva ce qu’elle cherchait : ce petit hôtel restaurant « L’Enchanté » était parfait. Pas trop grand, avec une jolie terrasse ombragée par des feuilles de bambous, pas d’ivrogne au bar, pleins d’enfants qui jouaient en attendant que leurs parents finissent leurs consommations. Non vraiment, rien à redire, l’endroit idéal ! Elle entra et s’approcha du comptoir derrière lequel se trouvait le réceptionniste. Celui-ci la jaugea : jolie jeune fille d’une vingtaine d’années, cheveux châtains longs légèrement bouclés, svelte et des yeux d’un vert menthe. Elle portait un tee-shirt vert et une jupe courte noire qui lui allaient à ravir. Curieusement, ses poignets étaient cachés par des bandanas noirs. Le réceptionniste trouva un peu dommage qu’une aussi belle femme puisse aimer de tels accessoires. Elle demanda une chambre calme et lumineuse. Le réceptionniste, ravi, répondit :

— Nous avons exactement ce qu’il vous faut, chambre neuf, dit-il en prenant l’une des clés accrochées au mur en bois derrière lui. C’est la chambre la plus calme de l’hôtel.

— C'est parfait, répondit Line Lou en sortant des billets de banque.

Le réceptionniste l’arrêta et lui expliqua qu’ici on faisait confiance au client et que celui-ci ne payait qu’à son départ. Il lui tendit alors la clé et lui indiqua le chemin. Les escaliers en bois, les plantes vertes le long du couloir, la moquette fuchsia et cette odeur de jasmin rendaient cet hôtel encore plus agréable. Elle se félicita intérieurement d'avoir fait le bon choix. Après l'avoir menée jusqu'à la porte de la chambre, le réceptionniste repartit. Alors qu’il descendait l’escalier, Line Lou l’interpella :

— Oh, j’oubliais, pourriez-vous me dire si vous connaissez une certaine madame Capella ?

— Ah, vous êtes de la famille ! répondit le réceptionniste dit-il en s'arrêtant. Il est vrai que vous lui ressemblez beaucoup.

Line Lou pâlit. C’était, en effet, la première fois qu’on lui trouvait une quelconque ressemblance avec quelqu’un.

— Eh bien, poursuivit le réceptionniste, elle habite dans un château à trois kilomètres d’ici.

— Dans un château ? répéta Line Lou stupéfaite alors qu’elle-même avait toujours vécu dans un vieil immeuble.

— Eh oui, son défunt mari a acheté le château il y a bien déjà une trentaine d’années. Mais vous ne le saviez pas ?

— Non, mais vous savez, je suis de la famille éloignée, dit-elle en mettant fin à la conversation qui commençait à la mettre mal à l’aise.

Dès qu’il fut hors de sa vue, Line Lou déverrouilla la porte de sa chambre et l’ouvrit. Elle promena son regard autour d’elle : elle fut très agréablement surprise. Le mobilier en bois se composait d’un grand lit, d’une petite table, d’une penderie et d’un fauteuil. Les coussins colorés déposés sur le lit et surtout le bouquet printanier trônant sur la table apportaient de la gaieté à cette chambre ensoleillée. Elle posa sa valise sur le lit, se dirigea vers la fenêtre, l’ouvrit et regarda le paysage qui s’étendait devant ses yeux. « Quel merveilleux mois de juillet ! » songea t-elle. Lorsqu’elle reprit courage, elle se chargea de sortir de sa valise les quelques vêtements qu’elle avait apportés, sa trousse de toilette, son journal intime et le roman qu’elle avait lu durant le voyage. Le rangement terminé, elle se décida alors à prendre une douche, qui dura une éternité, tant elle s’y sentait bien. Ce fut son estomac qui la ramena à la réalité. En effet, il était déjà vingt et une heures et elle n’avait rien avalé depuis ce matin. Elle sortit de la douche, s’enroula dans une serviette de bain puis pénétra dans sa chambre qui était juxtaposée à la salle d’eau. Elle se sécha, s’habilla d’une petite robe à fines bretelles. Elle descendit ensuite au rez de chaussée afin de satisfaire son estomac, qui criait famine. Après le dîner, elle remonta directement dans sa chambre, se déshabilla et se jeta sur le lit, abrutie de fatigue.

Le lendemain, elle était au mieux de sa forme. Elle se sentait enfin chez elle. La matinée, Line Lou la consacra à la visite de ce charmant village. Elle jeta des coups d’œil aux magasins de vêtements, observa l’architecture des bâtiments et parcourut la une de quelques quotidiens. Cela faisait une éternité qu'elle ne s'était pas intéressée à l'actualité. Aussi, Line Lou fut surprise de ce qu’elle y lut : Le gang Y : deux attentats en un mois, c’est toute la politique qu’il veut bousculer. La police est aux aguets… Elle n’en avait jamais entendu parler. Elle profita de ses quelques heures de liberté pour acheter plusieurs quotidiens et s’installa à une terrasse de café. Prenant le soleil, elle sirotait une limonade tout en s’instruisant sur ce gang Y, qui l'intriguait. Qui étaient ces hommes et ces femmes qui ne respectaient pas les lois pour aller au bout de leurs idéaux? D'après les articles, ils semblaient nombreux mais, rien, aucune information sur la potentielle identité de ces activistes.

Passionnant, tellement passionnant qu’elle ne vit pas la matinée passer. L’après-midi approchait et l’objectif qu’elle s’était fixé pour cette belle journée ensoleillée remontait en elle ses inquiétudes et ses peurs. En effet, elle allait enfin rencontrer sa grand-mère paternelle, qu’elle n’avait connue qu’étant tout bébé, il y avait vingt ans de cela. Ses parents l’avaient alors lâchement abandonnée, tout comme ses parents adoptifs d’ailleurs. Bien qu’elle n’avait que peu d’espoir de renouer avec sa famille biologique, elle avait besoin de les rencontrer, ne serait-ce qu’une fois, afin de donner un visage à ceux qui lui avaient gâchée la vie. A midi, Line Lou se força à avaler quelque chose. En effet, il ne serait pas bienvenu de s’évanouir chez une grand-mère inconnue et châtelaine qui plus est. Le repas achevé, Line Lou tourna en rond, en attendant que les aiguilles de sa montre indiquent quinze heures. Lorsque ce fut le cas, elle prit le morceau de papier sur lequel était inscris l’adresse de sa grand-mère, respira un bon coup et se décida à partir. Le temps étant favorable à la promenade, elle préféra se rendre au château à pied. Dans la rue principale, elle accosta un passant et demanda où se trouvait le château de madame Capella. Le passant, déjà d’un certain âge, lui indiqua très aimablement la route. Elle le remercia très gracieusement et prit congé. Il lui fallut alors seulement marcher sur une centaine de mètres pour quitter le village et se retrouver sur une petite route de campagne. A sa droite et à sa gauche s’étendaient à perte de vue des champs de blé et de colza et puis quelques champs non cultivés étaient remplis de coquelicots.

Elle arriva devant le portail du château, sans se rendre compte, qu’elle avait déjà parcouru trois kilomètres. En effet, elle n’avait pas vu le temps passer tant elle avait été en admiration devant ce magnifique paysage : il était tellement différent de la grisaille de Liverpool, la ville de son enfance! Elle ouvrit le portail, puis pénétra dans la cour. Elle fut émerveillée : le château, qui datait probablement de la renaissance, n’était pas immense mais il en imposait. Il était d’une extrême blancheur, ce qui contrastait avec les sapins verts pleins de vie qui l’entouraient. Elle se trouvait dans l’allée gravillonnée qui menait jusqu’aux marches d’escalier du château lorsqu’on l’interpella :

— Vous désirez ? demanda un homme d’une cinquantaine d’années en s’approchant d’elle et en l’examinant.

Celui-ci, vêtu d’une combinaison verte et d’un chapeau de paille, était très probablement le jardinier.

— Je voudrais m’entretenir avec madame Capella, dit-elle d’un ton assuré, bien qu’elle ne l’était qu’à moitié.

— Vous êtes de la famille probablement ! La ressemblance est frappante ! Pourtant, je ne vous ai encore jamais vue. Et Dieu sait depuis combien de temps je suis au service de madame !

«  Quel homme impertinent, se dit Line Lou. De quoi se mêle-t-il ? »

— Laisse cette jeune personne entrer, Gustave, dit une femme du haut des escaliers.

Line Lou se retourna pour distinguer la femme, qui avait parlé. Elle fut stupéfaite. Il y avait une telle ressemblance entre elles ! Bien sûr, il y avait la différence d’âge, mais qu’importait… Elles avaient toutes deux les mêmes yeux verts menthe, cette même expression de détermination sur le visage et surtout cette grâce dans le maintien. Line Lou, n’était pas la seule à être choquée. Sa grand-mère, madame Capella, l’était également. Line Lou fut la première à sortir de sa stupeur. Elle marcha jusque vers sa grand-mère, lui tendit sa main, que madame Capella serra et se présenta :

— Bonjour, excusez-moi de vous déranger. Je me présente : je m’appelle Line Lou et j’aimerais, si cela est possible, m’entretenir avec vous, dit-elle respectueusement.

— Entrez mon enfant, lui répondit madame Capella qui semblait encore sous le choc.

Après quelques banalités, madame Capella amena le thé et quelques gâteaux sur une petite table basse. Elle pria alors Line Lou de s’asseoir sur l’un des fauteuils du salon afin de pouvoir discuter en toute commodité. Personne n’osa rompre le silence. Line Lou et sa grand-mère se regardèrent, émues autant l’une que l’autre par cette situation mille fois espérée. En effet, aucune parole n’avait été nécessaire pour comprendre la raison de la venue de Line Lou : Madame Capella l’avait reconnue de suite. Elle ressemblait tellement à sa sœur Milla ! Mais, elle avait quelque chose en plus : on sentait chez elle une certaine distance, qui avait dû lui permettre d’affronter bien des malheurs. Ceci se remarquait à son regard un rien méfiant et à sa façon de cacher son émotion, comme si elle avait peur d’avoir mal.

Ce fut Line Lou, qui rompit le silence.

— Je suis toute portée à croire que vous êtes…, comment dire…,ma…ma…

— …grand-mère, répondit madame Capella d’une voix qui trahissait son émotion.

— C’est exact, dit Line Lou soulagée.

Madame Capella ferma les yeux durant quelques instants.

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